Le train en Normandie, histoire et enjeux actuels

Dans l’histoire ferroviaire, la Normandie a été longtemps une région en pointe, desservie dès 1843-1847 par la première radiale construite en France reliant Paris à Rouen et au Havre. Elle fut aussi terre d’expérimentation et de développement précoce et massif des circulations autorails avec la spectaculaire relation Paris-Le Havre par Bugatti en deux heures dès 1934. Notre région bénéficia aussi de la première desserte turbotrain de France sur Paris-Caen-Cherbourg en 1970.

Toutefois, cette dynamique semble s’être progressivement enrayée depuis un demi-siècle. Parce qu’elle constitue une sorte de presqu’île avec un bassin de population limité, la Normandie a jusqu’alors raté la desserte à grande vitesse qui s’est généralisée sur une vaste partie du territoire national.

On a observé aussi une dégradation lente mais irréversible des temps de parcours et de la régularité. Ce recul est si évident qu’un ancien président de la SNCF a été conduit à reconnaître que la société avait une « dette » vis-à-vis de la Région sans que cela ne se traduise apparemment, jusqu’à présent, par un net changement dans la situation ferroviaire normande. Les conseils régionaux ont tenté de faire mieux depuis qu’une partie de la compétence ferroviaire leur a été transférée.

Ce dossier d’Études normandes vise à mettre en perspective historique et à faire le point sur tous les enjeux ferroviaires régionaux. Quatre contributions relateront d’abord l’histoire des trois principales radiales normandes : Paris-Le Havre, Paris-Cherbourg et Paris-Granville, sans oublier les voies ferrées d’intérêt local (VFIL), pour la plupart aujourd’hui disparues, mais qui ont largement participé au désenclavement des campagnes avant l’automobile.

Les enjeux actuels sont de quatre ordres : le rattrapage du retard relatif pris par la Région en matière de désenclavement ferroviaire grâce à la réalisation d’une ligne nouvelle entre Paris et la Normandie ; le développement des dessertes régionales TER aussi bien interurbaines que métropolitaines ; le devenir des liaisons transversales de la Normandie vers les régions limitrophes ; la relance du fret ferroviaire. Les articles sur ces enjeux visent à prendre en compte aussi bien le point de vue des usagers que celui des élus régionaux en charge du dossier, avec une insistance particulière sur la fameuse ligne nouvelle Paris-Normandie (LNPN) dont on parle depuis déjà trente ans. Le récit de l’action exemplaire d’une association pour la défense et la promotion de la ligne Caen-Rennes permettra d’aborder la délicate question des relations inter-régionales.

Bonne lecture !

Pierre-Henri EMANGARD, géographe, chercheur associé au laboratoire IDEES,
université du Havre-Normandie, coordonnateur du dossier

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