Connaissance et reconnaissance de la Reconstruction

La Normandie a durement payé sa célébrité mondiale en subissant d’intenses bombardements meurtriers durant la Seconde Guerre mondiale, notamment au moment du débarquement du 6 juin 1944 dont on vient de célébrer avec éclat le 80e anniversaire. En ce sens, ce numéro s’inscrit dans la continuité directe du numéro précédent de juin 2024 qui s’intéressait aux traces du Débarquement. Après les destructions massives des villes, des villages et même des fermes, il a fallu entreprendre un immense chantier de reconstruction qui aura duré près de vingt ans. Cette architecture nouvelle n’a pas toujours été comprise par ses bénéficiaires. Il aura fallu beaucoup de temps avant qu’elle ne soit reconnue et même labellisée.

Pour traiter un sujet d’une telle ampleur, Études normandes a poursuivi un partenariat fructueux avec l’École nationale supérieure d’architecture (ENSA) de Normandie, basée à Rouen, qui avait été initié dès 2022 avec la publication de deux numéros hors-série consacrés aux « Ateliers hors les murs » d’étudiants à Rives-en-Seine puis Duclair. La contribution financière de l’École permet de proposer un gros dossier de près de 100 pages suivi de notre habituelle rubrique des « Regards variés ».

Les contributions réunies dans ce numéro double s’inscrivent dans le prolongement de la recherche « Ressource culturelle et projet urbain : les villes moyennes de la Reconstruction en Normandie », menée à l’ENSA Normandie de 2017 à 2021. Il s’agissait de documenter et comprendre l’investissement des institutions locales et nationales dans la patrimonialisation de la Reconstruction en tant que support de valorisation et revitalisation des centres-villes. Avec la revue Études normandes, le regard a été élargi en invitant non seulement les représentants des institutions – élus, services de l’État et de la Région – mais aussi des experts de tous les horizons – historiens, architectes, chercheurs de l’Inventaire, chargés de médiation – et également des habitants investis dans la reconnaissance de la production de la Reconstruction. Les contributions rendent compte de l’ampleur de la dynamique actuelle et de sa variété, tant du point de vue de la connaissance historique que de la reconnaissance patrimoniale. Il s’agit aussi d’inventer, et cette question intéresse tout particulièrement les chercheurs des Écoles nationales d’architecture, des méthodes pertinentes pour adapter cette architecture déjà ancienne aux contraintes actuelles de confort et d’usage. Le présent numéro est donc aussi une « recherche-action », qui tout à la fois observe, participe et s’engage en faveur de l’évolution de son objet d’étude.

Gérard GRANIER, président d’Études normandes,
et Patrice GOURBIN, maître de conférences à l’ENSA Normandie, coordonnateur du dossier

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