L’archéologie en Normandie : des découvertes nouvelles, fruits d’une recherche pluridisciplinaire
L’archéologie est une science complexe qui ne peut se concevoir comme une discipline isolée. Elle vise à étudier l’histoire matérielle de l’homme et les relations qui l’unissent à son environnement. Elle met en lumière des processus d’évolution inscrits sur la longue durée et qui, dans une large mesure, échappent à l’histoire événementielle. Ces thèmes abordés par l’archéologie rencontrent un certain nombre de préoccupations contemporaines autour du devenir des sociétés, des paysages et des cadres de vie. Les archéologues sont épaulés dans leurs recherches par une cohorte de spécialistes en sciences connexes : paléoenvironnementalistes et spécialistes des milieux (étude des pollens, des graines, des charbons, du relief quaternaire), mais aussi des mobiliers et des macrorestes, animaux ou végétaux, ou encore anthropologues, historiens et géographes pour l’analyse spatiale de l’ensemble des données… Les équipes de chercheurs ainsi constituées se réunissent à l’occasion des chantiers de fouilles pour restituer au mieux l’histoire et les caractères d’un site dont l’étude fournira, à terme, une nouvelle pierre au vaste édifice de notre histoire, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours.
La Normandie peut s’enorgueillir d’avoir une activité archéologique soutenue au sein du territoire national comme à l’échelle de l’Europe, aussi bien en ce qui concerne -l’archéologie dite programmée, répondant à des programmes de recherches ciblés, que l’archéologie dite préventive qui a pour objet la sauvegarde du patrimoine par l’étude avant sa destruction à l’occasion des aménagements actuels du territoire (route, lotissement, ZAC…). Ces deux dispositifs sont placés sous le contrôle de l’État, par le biais de la direction régionale des affaires culturelles (DRAC) et de son service régional de l’archéologie (SRA). La plupart des archéologues sont aujourd’hui des professionnels rattachés à différentes institutions : le SRA, le CNRS, les universités normandes, les collectivités territoriales (départements ou villes), certaines entreprises privées et l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), qui fête cette année ses 20 ans d’existence.
Bien que ce dossier ne présente qu’une fraction de ces nombreux travaux conduits dans la région (plus d’une centaine d’opérations de fouille par an), il invite néanmoins le lecteur à un passionnant voyage à travers plus de 400 000 ans d’histoire normande.
Vincent CARPENTIER et Cyril MARCIGNY, archéologues à l’Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives)